Zoom sur… le serviteur funéraire du roi Taharqa

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Soudan (Nubie), Nouri, pyramide N1, Serviteur funéraire du roi Taharqa,25e dynastie (690-664 avant notre ère), Université de Lille, HALMA-IPEL, en dépôt au Palais des Beaux-Arts de Lille, inv. IPEL L. 0625

 

Une fois décédés, et après avoir franchi les nombreux obstacles qui les séparaient de l’au-delà, les Égyptiens atteignent un nouveau monde pas si éloigné du monde des vivants. Puisqu’il était nécessaire de travailler et de participer aux activités de la société égyptienne durant l’existence, il n’en sera pas différemment après la mort. Pour pallier cet inconvénient, les plus aisés déposaient dans leur tombeau une série de figurines (appelées cha(uoa)btis ou ouchebtis) qui avaient pour fonction de remplacer le défunt lors des travaux agricoles quotidiens.

Le serviteur funéraire du roi Taharqa

Ce chabti appartenait à un roi de Nubie (actuel Soudan), Taharqa, qui a régné sur l’Égypte durant la première moitié du VIIe siècle avant notre ère. Cette statuette en pierre calcaire, exhumée au Soudan, montre l’imprégnation de la culture égyptienne bien au sud de sa frontière actuelle : ce serviteur porte les insignes de la royauté (coiffe-némès, barbe postiche, sceptre et flagellum).

Au total, ce sont 1070 figurines funéraires lui appartenant, en matériaux divers et de différentes tailles, qui ont été retrouvées dans sa tombe.

Combien de serviteurs ?

Le nombre très important de figurines funéraires exposées dans les musées témoigne de la multitude et de la grande variété de ces objets. Au British Museum, un papyrus conseille au défunt de disposer idéalement de 401 statuettes, une pour chaque journée de labeur dans l’au-delà, et de 36 autres pour diriger ces travailleurs. Les « contremaîtres » organisent le travail par décade, c’est-à-dire par semaine de 10 jours. Ces 36 chefs se relayent tout au long des 36 semaines de l’année, soit 360 jours dans le calendrier égyptien, auxquels il faut ajouter 5 jours supplémentaires. Même si cela ne se remarque pas d’emblée, il arrive que ces chabtis se distinguent entre eux par leur coiffure, leur vêtement ou l’outil de travail qu’ils portent. Ces objets sont inanimés tant qu’ils ne sont pas activés par une formule magique issue d’un chapitre du célèbre Livre des Morts et qui était inscrite directement sur le corps de la statuette : lorsque le défunt sera appelé à travailler, le chabti le remplacera en répondant « me voici ! ».

Shabti, shaouabti ou oushebti ?

Dans la littérature, très riche aujourd’hui concernant l’Égypte ancienne, plusieurs mots servent à désigner ces figurines funéraires : elles sont appelées chabtis, parfois chaouabtis, ou encore ouchebtis. Ceci s’explique par le fait que les Égyptiens ont eux-mêmes utilisé des termes différents pour les désigner. D’abord nommées chaouabtis ou chabtis jusqu’à la fin du Nouvel Empire (jusque 1000 avant notre ère), ces statuettes deviennent ensuite des oushebtis. À l’époque de Taharqa, un courant culturel invite à revenir à la grandeur pharaonique passée et privilégie l’utilisation de vocables plus anciens, d’où l’emploi de chabti ici. Encore aujourd’hui, l’étymologie de ces mots égyptiens est l’objet de discussions.

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