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Résidence Art-Science

Cette résidence, par le séjour prolongé d’une plasticienne, Élodie Wysocki, au sein de l’unité de recherche en Sciences de l’Antiquité HALMA – UMR 8164, a pour objectif de faire dialoguer les milieux artistiques et scientifiques. Il s’agit de faire de l’Art et de l’Histoire autrement et de produire des modalités de contact renouvelées avec le grand public afin de diffuser le fruit de la création et de la recherche le plus largement possible. Cette exposition en est l’une des premières démonstrations où les balbutiements de l’enquête historique rencontrent le regard et le ressenti de l’artiste.

Septembre 2023 - Septembre 2025

Ama-Mater

Le projet « Ama-Mater : regards croisés sur les maternités antiques », dont le nom reprend le terme mère en sumérien et en latin, est porté par Caroline Husquin (MCF en histoire ancienne, UMR 8164 – HALMA), Sonia Mzali (doctorante en assyriologie, UMR 8164 – HALMA) et Lucie Salamor (doctorante en histoire romaine, UMR 8164 – HALMA). Ce projet de recherche pluridisciplinaire, soutenu par la MESHS (Maison Européenne des Sciences de l’Homme et des Sociétés) et par l’Institut du Genre, vise à étudier les représentations et les réceptions des maternités antiques de l’Antiquité à nos jours par le prisme de leurs vulnérabilités réelles ou supposées. Il bénéficie également de l’appui de la Direction Culture de l’Université de Lille dans le cadre d’une résidence Arts Sciences Airlab2 , au sein de l’UMR HALMA, qui a pour objectif de renforcer les liens entre les milieux académiques et la société par l’intermédiaire de l’art. Lauréate de cette résidence, l’artiste plasticienne Élodie Wysocki collabore avec les membres de l’équipe de recherche selon deux modalités : en participant à l’élaboration de la recherche fondamentale via la création d’une part et à la valorisation des savoirs par des actions de médiation d’autre part. Son travail et sa collaboration à l’enquête scientifique agissent comme une mise en émotions de celle-ci permettant de faire de l’art et de la recherche autrement.

À travers ce projet, l’équipe de recherche porte une attention particulière au double discours antique présentant les figures maternelles comme vulnérables et paradoxalement comme actrices de leur propres stratégies d’empowerment. D’une part, elle cherche à voir en quoi les regards portés sur le fait d’être mère dans l’Antiquité ont pu nourrir la construction de représentations au cours du temps, dont certaines ont été à l’origine des injonctions morales et sociales qui pèsent encore sur les femmes et les mères aujourd’hui. D’autre part et de façon paradoxale, il s’agit de mettre en lumière l’existence de formes de pouvoir des mères, les sortant ainsi de la subalternité dans laquelle elles ont régulièrement pu être cantonnées.

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Caroline Husquin Maîtresse de conférence en histoire ancienne, Université de Lille

Élodie Wysocki – artiste plasticienne

Julie Crenn, critique et commissaire d'exposition, a écrit à propos du travail d’Élodie Wysocki : « Au fil du temps et des oeuvres, l’artiste manifeste une recherche plastique et politique, celle de représenter les différentes facettes de la Grande Déesse du continent européen. Une déesse de la fertilité, de la vie et de la mort qui a été vénérée avant les monothéismes et dont les traces sont plurielles. Les oeuvres d’Élodie Wysocki s'inscrivent dans cette recherche où la mémoire et la résistance s’entrelacent. Les corps et les fragments de corps participent à nourrir un imaginaire collectif volontairement privé non seulement de la Grande Déesse mais aussi des récits de toutes les femmes empêchées, silenciées et invisibilisées. En chacune de nous réside le pouvoir de la Grande Déesse. ( ...) » Julie Crenn, indisciplinées, 2024 En mars 2024, nous avons proposé, sur deux sites de l'Université, deux expositions. La première à la Galerie Les 3 Lacs, campus Pont-de-Bois, proposait de dresser un état des lieux des recherches en cours du projet Ama Mater. À l’Espace culture du campus Cité scientifique, en parallèle de Gestations, nous présentions avec Caroline Husquin une exposition construite sur le modèle du cabinet de curiosité « L’utérus, un organe d'homme ? ». Les masterant.es de l'Université de Lorient avaient réalisé des posters synthétiques d'une exposition virtuelle présentée sur la plateforme en ligne Musea et de la publication des actes du colloque « Utérus, de l'organe au discours ». Dans les entre-deux, j’ai installé des propositions plastiques qui, de manière non exhaustive, dressaient une sorte de cartographie d’imaginaires utérins. En réalisant les ensembles de documents pour l'exposition Gestations, je me suis rendu compte des pistes qui saillaient dans ma recherche. Plus qu'une figure, je crois que ce sont les archétypes incarnés dans plusieurs figures féminines qui m’intéressent. Loin de ceux de la mère idéale, c'est plutôt les contours de celles qui font défaut, celles qui inquiètent et celles dont la part primitive, sauvage et donc dérangeante, reste saillante, qui m’attirent. J’ai réalisé deux céramiques à partir des représentations d’Omphale sur des gemmes magiques, je pense qu’elle sera l’un des motifs majeurs des productions à venir, en céramique, en verre ou sur textile.

Exposition "Ama-Mater : gestations"

Du 4 au 29 mars 2024, Galerie Les 3 Lacs, campus Pont-de-Bois

Vernissage de l'exposition

L’exposition « Ama-Mater : gestations » donne un aperçu de la recherche en cours, aussi bien sur le plan scientifique qu’artistique, autour de quelques figures maternelles que nous avons choisi d’étudier. Extraits de bases de données, extraits de texte, représentations iconographiques… sont autant de matériaux et de résultats de notre réflexion à l’œuvre autour de ces mères antiques.

Exposition "L'utérus, un organe d'homme ?"

Du 11 au 29 mars 2024, Espace culture

Le projet de recherche à l’origine de cette exposition est né d’une collaboration en 2018 entre chercheuses de deux unités de recherche de l’Université Bretagne Sud (UBS), HCTI et TEMOS en associant de nombreux chercheurs et chercheuses dont des membres de l’Université de Lille.
Plusieurs journées d’études et un colloque ont permis de publier l’ouvrage Utérus. De l’organe aux discours dirigé par M. Guyvarc’h et V. Mehl aux Presses universitaires de Rennes en 2022.

Les vieux débats que l’on croyait clos depuis les années 1970 sur la naturalité des corps et la place des femmes dans la société n’ont cessé de ressurgir avec force, obligeant les chercheuses et chercheurs à renouveler leurs objets.

Les textes légalisant ou restreignant l’avortement dans de nombreux pays (Pologne, Irlande, Argentine, États-Unis…), en France les débats en 2019 autour de la reconnaissance des actes de naissance des enfants nés à l’étranger, les discussions autour de la loi sur la PMA pour toutes les femmes en 2021, l’expression de réarmement démographique développée en 2023 ont remis et remettant sur la place publique l’utérus et son potentiel de procréation.

L’utérus est encore largement un organe d’homme, objet de discours, essentiellement masculins, visant à le protéger, le posséder, le pathologiser ou le sacraliser, toujours pour mieux le contrôler, glissant ainsi du biologique
et du médical vers la morale. Il se révèle un espace d’articulation du genre et des normes.

L’équipe de ce projet a souhaité préparer une exposition pour Musea, Musée virtuel sur l’histoire des femmes et du genre, qui a donné lieu à la réalisation de l’exposition virtuelle.

Cette présentation à l’Espace Culture décline l’exposition virtuelle en affiches et podcasts. 

Elle croise recherche, création et pédagogie en y associant étroitement une plasticienne, Élodie Wysocki, en résidence au sein de l’UMR HALMA et les étudiants des deux universités partenaires. La création et les oeuvres de l’artiste viennent enrichir le parcours de cette manifestation en livrant son regard et son ressenti autour de la thématique de recherche.

Les affiches et podcasts ont été réalisés dans le cadre de l’atelier « Valorisation de la recherche » du Master Recherche Histoire de l’UBS conduit par A. Hess et V. Mehl.

Les étudiants du Master Mondes Anciens de L’Université de Lille sont associés au projet dans le cadre des modules « Recherche appliquée », « Ouverture sur le monde de la recherche » et « Expérience professionnelle » en rédigeant des compte-rendu et supports de communication autour de l’exposition publiés dans le carnet Hypothèses Corps et vulnérabilités antiques édité dans le cadre des travaux menés par le Laboratoire de Prospective Vivre et mourir, s’affaiblir et guérir, le corps dans tous ses états : vulnérabilité, soins et souci de soi de l’UMR HALMA.