Résidence-mission ARTU
Artiste rencontre territoire universitaire
Vous êtes enseignant·e·s, chercheur·se·s, personnels, représentant·e·s d’associations étudiantes et souhaitez co-contruire avec un artiste en résidence-mission à l'Université de Lille des actions à destination de la communauté universitaire ?
C'est que nous vous proposons avec le dispositif Artiste rencontre territoire universitaire (ARTU) durant l'année universitaire 2023-2024 et la lauréate de cette édition, Tsama Do Paço (voir biographie et travaux ci-après).
Celle-ci viendra de janvier à mai 2024 pour arpenter le territoire et réaliser ensemble, des gestes artistiques, transmettre et échanger des savoir-faire et écrire quelques récits communs.
Conçu en lien étroit avec les enseignant·e·s, personnels de l’université et les étudiant·e·s, et fortement imprégné de la démarche artistique propre à l’artiste-résident·e, le geste artistique peut prendre des formes différentes : selon les cas, participatif ou pas, spectaculaire ou modeste, jouant de l’effet de surprise ou au contraire très annoncé, etc.
Pour y prendre part, vous pouvez nous contacter à l'adresse : artu@univ-lille.fr afin de vous inscrire aux sessions de rencontres préalables, durant lesquelles il s'agira de discuter de la notion, et des problématiques et envies des usager.es des sites universitaires, que nous proposerons avec l'artiste du lundi 6 au jeudi 16 novembre.
Pour l'édition 2023-2024 la thématique du « Tiers paysage » a été choisie. Cette notion, développée par Gilles Clément au début du 21e siècle, entend les zones ou l'évolution du paysage a été abandonné à la nature. Cela peut être éphémère ou pérenne, jusqu'à un certain moment... ce qui définira ces espace sera la notion d'attente. Sur le territoire universitaire, cette notion se rapproche de celle d'espace liminal, de zones de transition, de frontière, évocatrices de perceptions variées. Les zones concernées sont étranges, voire abandonnées, et leur potentiel de transformation est énigmatique.
Ce dispositif de l'Université de Lille est en partenariat avec la Drac Hauts-de-France et porté par la Direction culture.
Le travail de Tsama do Paço part à la découverte du monde dont nous héritons, afin de cultiver des alliances avec lesquelles composter d’autres possibles, écrire d’autres mythes, réinventer des cosmogonies et transformer les représentations. Artiste et herboriste, arpenteuse tactile, marcheuse, cueilleuse, elle sème et récolte des histoires et des présences.
C’est par le contact avec les végétaux, le sens du toucher prolongé par l’empreinte et la recherche d’autres façons de penser et représenter le paysage qu’elle propose de s’inscrire dans le sillage d’une tendance actuelle qui cherche à reprendre collectivement contact avec le monde, à comprendre l'exigence de réciprocité de l'humain envers les autres existants de la planète.
Comme la respiration est liée à la photosynthèse, la consommation d'un fruit est liée à la reproduction d'un arbre ou d'une baie, ou encore le parfum, le pouvoir médicinal de certaines plantes peut être mis en relation avec l'utilisation par les plantes des composés chimiques pour se défendre, communiquer…
Par des jeux d’échelles, de lumières, de formes, de textures et de matières, les plantes se révèlent comme paysage. Il s'agit de nommer le paysage par ce qui le constitue, ce qui vient du monde, sans s'en extraire ni l’abstraire. Les caractéristiques de l’empreinte en font une investigation poétique du mystère du réel, support d'une pensée et d'une sensibilité renouvelée.
En tant que zone délaissée, les Tiers paysages échappent aux entreprises humaines de gestion et en cela s’ensauvagent. Pour l’artiste ils évoquent un autre paysage, une chimère entremêlant le domestique et le sauvage, en un "complexe-paysage" vivant, en devenir, l’œuvre elle-même, non "finissable", car mouvante, en métamorphose et réinvention permanente, source-s d’oeuvres-traces, d’empreintes, d’images-instants. Les gestes artistiques de Tsama sont ceux d’un monde qui a changé, fait de vivants et non d’objets, dans lequel les sols et la zone critique des vivants nous permettent de penser notre manière d’habiter "avec", notamment les marges, les chutes produites par toute anthropisation. En ensemençant les lisières, son art nous rendra sensible à la beauté des paillis, aux laitues et navets montés en graines, aux compostages, aux plantes sauvages, adventices, messicoles, commensales et de friches, herbes folles et mauvaises, aux communautés-cortèges de plantes, aux histoires qu’elles racontent en tant que bio-indicatrice de l’état du sol, de leur chronologie de succession de pionnière à la forêt. Entremêlant les plantes sauvages à d’autres plus ou moins cultivées ou re-introduites, présentées comme mellifères, aromatiques, médicinales, comestibles, tinctoriales… Tsama do Paço invite à voir, à sentir, à gouter, à entendre, à toucher les plantes, présentent sous d’innombrables formes dans toutes les activités humaines.
Pour aller plus loin dans la notion de Tiers-paysage
Visite du jardin de Eric Lenoir, lauréat 2018 du concours Jardiner Autrement
Entretien avec Bruno Latour - Culture et pop | ARTE
Entretiens sur le sauvage au musée de la chasse et de la nature
Site de COAL, soutenant la création en lien avec l'écologie
Contact