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QUEL SCÉNARIO POUR L'AVENIR DU TRAVAIL ?

Rencontres, échanges, débats

Espace culture, campus cité scientifique, Villeneuve d'Ascq

Conférence de Dominique Méda

La question du travail est revenue avec force dans le débat public ces derniers mois. L’annonce qu’il faudrait travailler progressivement deux années de plus a mis au jour la réalité des conditions de travail dans notre pays aujourd’hui. En mars 2023, la Dares – le service statistique du ministère du Travail – révélait qu’en 2019, 37% des actifs occupés indiquaient ne pas pouvoir tenir dans leur emploi jusqu’à la retraite.

Pour 39% des ouvriers et employés interrogés, mais aussi 32% des cadres, le travail était insoutenable. Au même moment, nous publiions avec la responsable de l’enquête européenne des conditions de travail les résultats de la vague 2021 de celle-ci. Passée auprès de plus de 71 000 personnes dans 36 pays, la vague 2019 de l’enquête mettait en évidence la très mauvaise position de la France en Europe : plus de contraintes physiques qu’ailleurs, plus de contraintes psycho-sociales, plus de discrimination, moins de participation, de consultation, d’autonomie au travail, moins de soutien des collègues et finalement une part importance des personnes occupant un emploi « tendu ». Il y a bien une grave crise du travail en France, qui explique en partie la puissance des réactions contre l’allongement de la durée du travail. En effet, tous celles et ceux qui ne peuvent pas tenir ou dont les entreprises ne voudront plus se retrouveront dans un « sas de précarité » allongé, entre chômage, invalidité et RSA.

Et pourtant les Français sont aussi parmi les plus attachés au travail en Europe.
Tout au long des enquêtes sur les valeurs des européens, ils sont parmi ceux qui considèrent le plus que le travail est « très important ». Leurs attentes à son égard sont immenses – celles des jeunes sont encore plus intenses que celle des plus âgés : on attend de son emploi un bon revenu, un travail intéressant et des relations sociales, une bonne ambiance de travail. Ces attentes plus fortes qu’ailleurs viennent donc se fracasser sur la réalité des conditions d’exercice du travail. Celui-ci est pour de trop nombreuses personnes, trop dur, trop mal payé (pensons aux travailleuses et travailleurs de la deuxième ligne), insuffisamment reconnu lorsqu’il n’est pas prétexte au mépris. Malgré les travaux qui soutiennent que le travail n’occuperait plus qu’une place minime  dans la vie, il exerce une forte emprise. Les conditions de travail difficiles et l’aspiration à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale expliquent que, malgré leur attachement au travail, les Français plébiscitent l’idée que celui-ci doit occuper une juste place, pas toute la place.

Dans les années 1990-2000, un débat s’était déployé autour de la place du travail : fallait-il libérer le travail ou se libérer du travail ?
La diffusion de l’intelligence artificielle et  de l’automatisation exige de reposer ces questions à nouveau frais, de même que l’urgence d’engager nos sociétés dans la reconversion écologique. Ces évolutions constituent-elles une menace pour le
travail, son contenu, son intérêt ? Doit-on craindre une déshumanisation du travail ? La transition écologique ne constitue-t-elle pas une extraordinaire opportunité de repenser le travail, son organisation, la gouvernance de l’entreprise ? Sur toutes ces questions, il existe de nombreux travaux qui méritent d’être présentés et discutés de manière à ce que des choix éclairés soient faits.

Dominique Méda, professeure de sociologie à l’université de Paris-Dauphine – PSL

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