Mathilde Nardone

Dans les saisons passées

Début 2020, la Direction culture invitait Mathilde Nardone à présenter ses natures mortes dans l'exposition Le botaniste et ses modèles dédiée au patrimoine, à la botanique et à la photographie, en contrepoint du travail réalisé par la Société photographique des universités de Lille (SPUL). Modèles de botanique du XIXe siècle, productions d'images numériques et natures mortes rendaient toute leur esthétique et se répondaient sur fond vert. 

De cette collaboration, l'université conserve l'œuvre Hugo de Mathilde Nardone, tirée de la série Fleurs de terrils et offerte par l'artiste. Elle est désormais exposée au siège de l’Université dans le hall adjacent à la salle de spectacle l’Antre Deux. 

Fleurs de terrils

Pour concevoir cette série, Mathilde Nardone arpente les vestiges du passé minier du Nord à la recherche de fleurs qui poussent sur les terrils et qu'elle utilise pour créer des natures mortes modernes. 
Sa technique consiste à déposer les fleurs sur un scanner spécifique pour obtenir une image. Ensuite, avec un imprimeur, elle choisit le papier, le grain et le rendu des couleurs. Le tirage est réalisé en grand format contrecollé sur des supports rigides. 
L’artiste inscrit ainsi sa démarche dans un travail de mémoire de la région et de son passé industriel, qui a durablement marqué le territoire et ses habitants.  

 

Pendant la pandémie, l’impression d’exister 

Durant cette année si particulière ayant brutalement éloigné les publics des lieux d’exposition, Mathilde Nardone a réussi quelques coups d’éclat, avec le soutien de la galerie Nardone gérée par son père Antonio et située à Bruxelles, lui permettant de présenter son travail au grand public. 

Ainsi, l’impression de photographies sur des bâches géantes couvrant la façade de l'hôpital Molière de Bruxelles et l'entrée des urgences, a été inaugurée en novembre dernier et est visible jusqu'en juin 2021.

Une autre de ses initiatives est le projet des cartes d'artistes à colorier, qui a consisté à amener l'art chez les habitants en temps de fermeture des galeries d'art. 

Le projet présent d'art lui a permis d'exister en dehors des réseaux sociaux malgré le Covid. Les artistes de la galerie Nardone ont été exposés via des impressions de 20m2 partout dans Bruxelles pendant tout ce mois de janvier.

Enfin, Mathilde Nardone a également expérimenté un nouveau système d’accrochage en volume, intégrant de grands miroirs à la scénographie de ses expositions photographiques. Les questions soulevées sont celles liées aux reflets et jeux de lumières, aux transparences, aux leurres et aux mouvements de ses images kidnappées. Deux grands formats seront exposés lors de l’exposition Point de contact à La Louvière en duo avec l'artiste Mario Ferretti, mais aussi dans une chapelle à Venise lors de l’exposition collective Cadavres exquis au printemps 2021.

L’artiste travaille encore à de nouveaux projets avec des galeries (La Louvière, Venise, Berlin, Bruxelles) seule ou en collectif.

Les noirs des fleurs

Après les couleurs des fleurs, la collaboration avec l’atelier d’impression MIKEMUKA, géré par Jean Jacques Micheli, a introduit la piezographie dans le travail de l’artiste. Il s’agit d’un procédé d’impression utilisant des cartouches d’encre carbone aux pigments de charbon. Des encres noires pour faire du noir et blanc. Tout en nuances sombres : le noir fin, foncé, satiné, mat… Le noir et le blanc se créent par ces nuances, pour un résultat proche de la gravure. En ressort une impression presque tactile, comme si l’image allait s’envoler au moindre courant d’air. Le kidnapping de l’éphémérité de l’instant, atteignant une sorte de paroxysme…