Histoire et patrimoine
Focus sur Charles Barrois (21 avril 1851 – 5 novembre 1939)
Il y a 170 ans naissait à Lille Charles Barrois, qui deviendra un éminent géologue et professeur de la Faculté des sciences de Lille.
Des sciences naturelles à la géologie houillère
Né dans une grande famille d’industriels du Nord, il se consacre à l’âge de 20 ans aux sciences naturelles. Son maître, Jules Gosselet, lui propose de travailler sur les terrains crétacés en Angleterre et en Irlande. Cette étude lui permet d’obtenir le grade de docteur-ès-sciences en 1874. Ensuite, pour parfaire son savoir sur les terrains anciens, il explore les terrains aux Etats-Unis et étudie les massifs anciens du Paléozoïque en Espagne, âgés de plusieurs centaines de millions d’années. A son retour en France, Charles Barrois collabore au Service de la Carte géologique de la France pour le lever des cartes géologiques au 1/80 000e. Son intérêt se porte ensuite vers la géologie du charbon, probablement influencé par les industriels ou proches de sa famille. Entre temps, il obtient la Chaire de Géologie et Minéralogie à la Faculté des Sciences de Lille, en 1902, lors du départ en retraite de Jules Gosselet. Charles Barrois s’entoure d’une équipe dynamique de professeurs et maîtres de conférences en géologie houillère, constituée de Louis Dollé, Paul Bertrand, Pierre Pruvost et André Duparque, entre autres. Il administre activement cette équipe et ses contacts lui facilitent l’accès aux affleurements : les scientifiques descendent prélever des fossiles au fond des mines. En 1907, il crée un musée houiller à l’Institut des sciences naturelles de Lille, présentant des échantillons fossiles collectés dans les veines de charbon et représentatifs du Carbonifère.
Comment Charles Barrois est devenu « le géologue de la Bretagne »
C’est en 1868 que Napoléon III crée le service de la Carte géologique de la France. Pour réaliser la carte au 1/80 000e, la France est découpée en 268 feuilles. Au départ, ce travail est exclusivement confié à des ingénieurs des Mines. En 1875, André-Eugène Jacquot prend la direction du service et propose de demander de l’aide à des collaborateurs extérieurs, principalement des universitaires. Le Service ne paye que les frais d’hébergement et de voyage à ces collaborateurs, cependant c’est un honneur pour les jeunes géologues de participer à cette œuvre collective.
Ainsi, André-Eugène Jacquot confie à Charles Barrois le territoire de Rethel, une commune dans les Ardennes dont le territoire compte des terrains crétacés. Trois ans plus tard, Charles Barrois lui remet sa minute de terrain, dont les contours des couches géologiques ne correspondaient pas avec la feuille limitrophe levée par un ingénieur des Mines. Charles Barrois invite donc André-Eugène Jacquot sur le terrain pour constater les faits. Il s’est rendu compte que les contours levés par Charles Barrois étaient exacts contrairement à ceux de son collègue. Il confie alors à Charles Barrois l’étude du territoire de Lorient. Petit à petit, celui-ci cartographie toute la Bretagne, constituée principalement de terrains datés du Paléozoïque, entre 1884 et 1909, soit l’exploit de dresser 20 feuilles de la carte géologique de France.
Au cours de sa vie, Charles Barrois a rédigé 243 notes dont 105 sur la géologie de la Bretagne, soit à peu près 43 % de ses travaux. Il a travaillé dans cette région essentiellement au début de sa carrière jusqu’à la création du musée Houiller de Lille en 1907 auquel il se consacra entièrement. Il reviendra à ce premier sujet d’étude, la Bretagne, lorsqu’il cède la Chaire de géologie de la Faculté des sciences de Lille à son élève, Pierre Pruvost.
Plusieurs titres à son actif et surtout une reconnaissance locale, nationale et internationale
De son temps, Charles Barrois a acquis une notoriété remarquable en géologie. Il se distingue au sein de plusieurs institutions et est élu membre de nombreuses académies étrangères. Il est président de la Société géologique du Nord à sept reprises (le record). Il en est d’ailleurs l’un des fondateurs. En 1897, il est président de la Société géologique de France. En 1904, il devient membre de l’Académie des Sciences, plusieurs années avant son maître Jules Gosselet (1913), et même président en 1927. Il a reçu deux médailles de la Geological Society of London dont la médaille la plus prestigieuse (médaille Wollaston) pour ses travaux en géologie en 1901, avant sa nomination en tant que professeur de l’Université de Lille !
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