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Alexander Khimushin : récit d'une rencontre
Appelé régulièrement à collaborer avec National Geographic, GEO et toutes les grandes chaînes, Alexander Khimushin est un photographe mondialement connu. Récemment, l’ONU et l’Unesco lui ont commandé des expositions de grande envergure. Il faut dire que ses photos sont incroyables ! D’une grande beauté plastique, elles constituent un ultime témoignage de la présence de certains peuples autochtones dont l’existence est menacée par les changements profonds de la planète. Identité culturelle, langue, coutumes, pratiques religieuses sont sacrifiées sur l’autel de la civilisation, du progrès, de la consommation. Appareil photo en poche, Alexander Khimushin part à leur rencontre pour sensibiliser l’opinion publique. Il devient leur voix.
Accueillir ce photographe à l’université nous semblait hors de portée car, visiblement, nous ne jouions pas dans la même division ! Aussi, lorsque notre partenaire Altan-art nous a proposé de profiter d’une escale à Paris pour le rencontrer, nous étions fébriles. C’était au printemps 2019, Alexander Khimushin fait l’aller-retour Lille – Paris pendant la pause du midi, il est pressé car un vol pour Moscou l’attend dans l’après-midi. Pour faciliter la conversation, on s’adjoint au débotté les services d’Arthur Alikhanov, un agent de sécurité de l’université, originaire de Tchétchénie et russophone.
L’accueil avec Alexander Khimushin est glacial, à l’instar de sa Sibérie natale. On dirait qu’il n’est là que par politesse. Pendant tout le temps de sa présence à l’université, on déploie des trésors de persuasion pour le convaincre de la pertinence de notre projet, mais l’homme reste méfiant. Aux actions de médiation et de sensibilisation avec les étudiants, il oppose retombées médiatiques !
À son départ, nous sommes quasiment certains qu’il ne donnera pas suite !
Et pourtant… après plusieurs semaines, nous avons l’heureuse surprise de recevoir deux cent cinquante photos de sa série The world in faces, dans laquelle il nous invite à choisir les photos que nous souhaitons exposer, à la condition que ce soit lui qui imprime et conditionne les photos à Moscou.
Quarante-deux photos sont sélectionnées, représentatives de peuples du monde entier, des Andes à la Sibérie en passant par l’Afrique et la Papouasie. Le projet est en marche, la date du vernissage de l’exposition est fixée au 6 octobre 2020… mais c’était mal connaître le fonctionnement administratif de la Russie !
Les colis sont envoyés… mais n’arrivent pas à Lille ! Pour des raisons obscures, ils sont bloqués à la frontière russe puis ils arrivent au compte-goutte, sont renvoyés en Russie par erreur par nos propres services universitaires. C’est un véritable imbroglio administratif ! Là-dessus s’ajoute le contexte sanitaire : l’exposition ne sera pas accrochée.
Aujourd’hui, une partie des photos est conservée à Lille, le reste est à Orange, chez Altan-Art. L’exposition sera présentée à la saison prochaine quand le public pourra être à nouveau accueilli à l’université !
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