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Hareng

Pierre Demeulenaere

Hareng est une vidéo projetée sur toile, une nature morte numérique qui mesure cinquante sur cinquante centimètres. Cette projection sur toile présente ce qui peut s’apparenter a un souvenir altéré.   

Ma démarche artistique est une recherche autour des visuels numériques et de leurs représentations. En explorant les particularités de différents médiums, je questionne plus largement notre manière de façonner les espaces et de représenter la mémoire. A travers une pratique de la photographie – se prolongeant vers la vidéo, la peinture ou l’installation – je prélève des portions du réel, j’extrais leurs représentations visuelles. Dans le processus de recherche, différentes sources d’images alimentent mon travail. Des archives, des images d’internet, des moments du quotidien et des états de nature s’entremêlent dans les images que je réalise. Ainsi se tisse une histoire d’un souvenir aux points de vue multiples, une narration fragmentée et mystérieuse. Les souvenirs que je construis sont des espaces ordinaires, des lieux d’échange ou de vie. Ce sont les espaces de rencontre de nos villes, ces lieux qui animent nos commerces urbains et nos quartiers résidentiels. Le numérique borde nos immeubles et constitue ici la mise à distance permettant l’analyse des lieux d’échange. Je cherche à rendre visibles les signes discrets qui le transforment en un lieu de création ou d’invention. Dans une apparente inertie, des installations se font, se défont, et habitent ces lieux ponctuellement. Quelque part entre le rangement bricolé et le désordre construit, une forme de perdition et de déperdition fait irruption dans le réel. Ancrée dans ce dernier, mon approche photographique observe et fragmente, elle ressert le cadre, contraint l’information. Donnant à voir des parcelles de nos lieux d’échange, sa substitution, et imposant une lecture incomplète, remet en question la perception de nos lieux de partage, elle pose la question de son évolution. Mettant alors à distance des moments de partage, l’équilibre naturel et l’utopie technologique. La mixité entre photographie et peinture explore des lieux oscillant entre l’ordinaire et le spectaculaire, entre la connaissance et l’absurdité, des lieux portant les traces d’une histoire inconnue. Quelques harengs sur une grille, quelques brins d’herbe peints, toutes ces compositions altèrent l’image mémoire projetée sur une toile de 50x50cm.