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Accrochage aphasique

Ludovic Leandri

L’installation questionne les limites de représentations et la légitimité de l’autocensure dans l’art, par une pendaison d’enfant dissimulée. La réalisation joue sur un paradoxe entre l’expression d’une idée et l’atténuation de sa signification, ainsi que par son potentiel obscène. L’Art doit-il être limité ou a-t-il tous les droits ?

Traditionnellement, la violence et le sexe sont les deux notions autour desquelles la censure est la plus répressive. La censure contrôle et évalue tout discours, idée, propos ou signe et réprime si nécessaire. Est-il légitime de censurer une œuvre d’art ? L’art doit-il nécessairement être limité par la morale ? Ou l’Art a-t-il tous les droits ? L’artiste, afin de pouvoir s’exprimer et être légitimé, doit très souvent – consciemment ou non – faire preuve d’autocensure en limitant son champ de représentation, en dissimuler ou refusant certaines idées qui ne correspondent pas à ce qui est correct socialement, moralement ou politiquement dans les normes de représentation de l’art. Par ce projet, je veux essayer de faire la démonstration de cette autocensure presque inhérente à la création, pour que le spectateur se rende compte de la limite iconologique que je me suis imposée dans le processus créatif, en atténuant une image brutale. Mais il est tout de même possible de contourner cette censure afin de faire accepter la représentation d’une idée, ici du même type que l’œuvre présentée par Maurizio Cattelan en 2004 à Milan et qui fut désinstallée, celle-ci montrant une pendaison de trois enfants. J’ouvre au public le choix de l’interprétation par une œuvre implicite. On arrive même à se demander si le fait de dissimuler un type de représentation ne le rend pas autan, voire plus, inquiétant ou terrifiant dans l’esprit de celui-ci. Car la dissimulation suggère une vision potentiellement choquante et laisse libre l’imagination des spectateurs, paradoxalement à la tentative de préservation psychique de ces derniers.