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9m2

Baptiste Loock

Dans 9m2, Baptiste Loock explore la précarité étudiante qu’il révèle discrètement par son intervention hors de l’espace immédiat de l’exposition et qui résonne, non sans ironie, dans ce lieu. Ces feuilles vierges sont une sorte d’écho à une action de la résidence Galois qui se trouve à six cents mètres de l’Espace Culture.

9m² consiste en un accrochage de feuilles jaunes A4 sur les fenêtres du bâtiment accompagnées d’un statement. Même s’il fait référence à un problème concret présent non loin de l’espace d’exposition,  ce projet n’est pas à considérer comme « engagé ». En effet, l’art engagé possède une limite, l’aspect théâtral que confère l’exposition crée un décalage entre le problème soulevé et sa représentation. Lorsque Ai Weiwei propose ses Sunflower Seeds en 2010 au Tate Modern de Londres  pour évoquer les conditions de travail de la main-d’œuvre chinoise, une iconographie se crée. La disposition dans l’espace de ces 100 millions de graines de porcelaine et la poussière qui s’en dégage lorsque le spectateur marche sur les graines transforment l’œuvre en une expérience quasi-religieuse. Le choix d’exécuter une intervention très discrète dénote de cet aspect théâtral, il serait facile (sans avoir vu le cartel) de passer à côté sans se rendre compte que cela fait partie de l’exposition. L’acte infra-mince renvoie à la considération des étudiants dans les résidences universitaires. En effet, l’accrochage initial est une initiative de la résidence Galois et sert à signaler les chambres vides. Deux bâtiments vont faire l’objet d’une réhabilitation à partir de janvier 2022, toute chambre vide n’est donc plus louable. Par conséquent, l’étudiant qui vit encore dans l’une des chambres insalubre est réduit à la case qu’il occupe, à la présence ou non d’une feuille A4 jaune sur la fenêtre.