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LA PEUR DES URNES
En partenariat avec la Société des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille (Ssaal)
Par Christian-Marie Wallon-Leducq, professeur honoraire de sciences politiques, doyen de la FSJPS.
Il existe toujours les craintes du résultat que les sondages exacerbent alors qu’ils mettent de l’ordre dans le réel en le mesurant, même imparfaitement. Mais il faut faire cet effort d’imagination pour concevoir ces élections anciennes où rien ne permettait, scientifiquement, de mesurer ou d’estimer. Ce fut le cas de quelques élections supposées à surprises : 1848 et 49, l’inauguration du suffrage universel sous le regard de Tocqueville.
De 1885 et de la crainte du Boulangisme.
Dans ces cas, la peur fut mauvaise conseillère quand on eut peur d’avoir peur. Ce fut aussi le cas de l’horizon très inquiétant des élections de 1951 où la peur fut créatrice et un peu perverse.
Et puis, la peur peut venir des résultats, après-coup (1936, 1967) ou dans l’interprétation excessive (1968) ou l’inutile peur rétroactive (2002) alors qu’elle aurait été utile avant. Là, la peur fait réfléchir et donne quelques leçons.
Cependant si les urnes disent la peur, c’est surtout qu’elles conservent la mémoire de peurs anciennes, archaïques ou traumatisantes : la chouannerie resta longtemps dans les urnes, la géographie en porte les traces.
Fantômes et fantasmes hantent aussi les urnes comme la peur du prolétaire (peur à double sens), la peur des femmes, la peur du secret, enfin, pour se distraire, les fausses peurs sur les plateaux d’information pour meubler la vraie peur du vide.
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